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Enseigner l’ÉCR! : un engagement renouvelé!

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23 août 2015 Laisser un commentaire Ecrit par Enseigner l'ECR

À l’intention de ces enseignants qui en seront à leurs premières armes en éthique et culture religieuse dans les prochains jours, neuf clés pour enseigner ÉCR.

Quelque chose comme un « kit de départ » qui ne demande qu’à être enrichit par vos suggestions et commentaires. | Version originale 21 août 2011 révisée et mise à jour 27 août 2013.

1. Le programme, le programme et le programme

Connaître le programme ÉCR. Ça va de soi, direz-vous! Pas nécessairement. Il n’y a rien de vraiment affriolant dans la lecture d’un programme de formation. Pourtant, avant d’explorer des SAÉ, de parcourir des manuels et de se vautrer dans Wikipédia, développer une compréhension juste de ce programme ambitieux est incontournable. Sans trop exagérer, nous pourrions dire que tout y est.

S’il est à explorer de la première à la dernière page, voici tout de même quelques incontournables :

  • Les finalités. Elles nous rappellent que ÉCR ne vise pas à former des spécialistes des sciences des religions ou à régler une fois pour toutes les grandes questions éthiques de notre temps, mais bien à favoriser le vivre-ensemble et à former des citoyens en mesure de participer à la culture commune et aux débats de société.
  • Les compétences. Elles sont au cœur du programme, bien sûr! Cela dit, il y a plus : les composantes des compétences définissent une approche particulière des questions éthiques, du phénomène religieux et de la pratique du dialogue. Comment réfléchit-on sur des questions éthiques? Comment développe-t-on une compréhension du phénomène religieux? Comment pratique-t-on le dialogue? Ce sont les composantes des compétences qui fournissent la démarche.
  • Les indications pédagogiques avant les éléments de contenu. Des premières fréquentations du programme, nous retenons souvent les éléments de contenu et les exemples indicatifs, et ce, au risque d’être découragés face à ces fêtes religieuses que nous ne connaissons pas, à ces grandes questions éthiques qui apparaissent si complexes et à cette pratique du dialogue qu’il nous faut intégrer et évaluer. Pourtant, si importants soient-ils, ces éléments ne prennent sens qu’en regard de l’intention pédagogique. Puisque nous y sommes, notons qu’en plus de la prescription par cycle, s’ajoute en culture religieuse une prescription sur les traditions à qui le programme n’accorde pas le même temps d’enseignement.

2. La posture enseignante…

Le programme définit la posture professionnelle de l’enseignant : objectivité et impartialité. Certes, on peut associer cette posture aux questions de laïcité et de neutralité de l’État. Mais en fait, nous oserions dire que l’essentiel n’est pas là. Il s’agit d’abord et avant tout d’une question pédagogique et didactique : savoir mettre en place les conditions permettant à l’élève de comprendre le phénomène religieux, de réfléchir sur des questions éthiques et de pratiquer le dialogue. Pour ce faire, il apparaît clair que l’enseignant doit se soumettre à un constant travail de construction de l’objectivité qui dépasse largement le simple fait de donner ou pas son opinion. Les élèves ont-ils les ressources, l’espace, les conditions pour comprendre et réfléchir?

3. … et la posture apprenante

Si ÉCR exige une posture enseignante particulière, il y a conséquemment une posture apprenante. De quoi est-elle faite? Essentiellement, de gestion de la distance. Dès leur tout jeune âge, les enfants évoluent dans un environnement qui est éthiquement et moralement marqué. Réfléchir sur des questions éthiques demande d’explorer des points de vue – qui n’ont rien à voir avec des opinions, mais tout avec des regards… – sur les valeurs et les normes ambiantes. De la même façon, ils sont confrontés à toutes sortes d’expressions du religieux (de l’église du village au reportage sur la fin du ramadan). Afin de comprendre ces expressions, ils développent un regard informé et juste.

Ainsi, lorsqu’ils sont face à des phénomènes ou des problèmes qui leur sont étrangers, les élèves doivent s’approcher pour mieux comprendre et réfléchir. À l’inverse, lorsque le sujet abordé est près d’eux, ils doivent prendre un certain recul. Être objectif, c’est gérer la distance afin d’explorer le phénomène religieux et les questions éthiques sous un maximum de facettes et de points de vue. Et la pratique du dialogue permet de multiplier ces regards, tant en éthique qu’en culture religieuse.

4. Distinguer morale et éthique

Réfléchir sur des questions éthiques ce n’est pas faire de la morale. Pour faire court, nous pourrions dire que la morale renvoie à ce que l’on doit faire. Les normes, les valeurs, les règles appartiennent à ce champ. En revanche, l’éthique est de l’ordre de la motivation et de l’inspiration de l’action. Réfléchir sur des questions éthiques, ce n’est pas d’abord se demander « que dois-je faire? », mais bien « pourquoi devrait-on le faire? ».  On ne peut ainsi réduire l’éthique à la moralisation ou à la prévention. On ne veut pas simplement que les élèves se plient aux normes et règles en vigueur, mais qu’ils réfléchissent aux fondements de ces règles, valeurs et normes. La visée n’est donc pas de prendre position, mais d’identifier les valeurs et les normes, de repérer les tensions, de considérer différents repères pour mieux saisir la situation d’un point de vue éthique, de reconnaître différentes options et actions possibles et d’évaluer ce qui favorisent le vivre-ensemble.

5. Distinguer religions et culture religieuse

Il n’est pas question dans ce programme de religions, mais bien de culture religieuse. La culture religieuse est cet ensemble formé d’expressions du religieux (récits, édifices, objets, rites, comportement, œuvre d’art, etc.) présentes dans l’environnement. On joue sur les mots? Peut-être, mais ils sont importants: explorer des expressions – donc des objets observables – afin de comprendre le monde qui nous entoure n’est pas devenir expert des traditions religieuses.

C’est aussi dire qu’en ÉCR comme en sciences des religions, on ne se demande pas si Dieu existe. On constate que certains y croient et on cherche à comprendre les manifestations visibles de ces croyances dans la société et la culture.

6. Distinguer communication et dialogue

Dans la perspective du programme, communiquer et pratiquer le dialogue ne sont pas équivalents. Certes, une communication claire facilite le dialogue. Toutefois, le dialogue ne s’y arrête pas. Pratiquer le dialogue, c’est organiser sa pensée, interagir avec les autres et élaborer des points de vue. Ce n’est pas en réunissant quatre élèves et en leur ordonnant d’échanger qu’il y a automatiquement dialogue! La pratique du dialogue s’enseigne et s’apprend.

7. Créer des situations d’apprentissage signifiantes

Si l’on prend au sérieux les affirmations précédentes voulant que les élèves évoluent dans des environnements éthiquement marqués et qu’ils soient en contact avec des expressions du religieux, il est difficile de comprendre comment on en arrive parfois à des SAÉ qui, aux dires des élèves, sont déconnectées et paraissent inutiles. Les amorces, les mises en situation, les productions signifiantes se bousculent dès lors que l’on comprend le thème et l’intention pédagogique. Le défi n’est pas d’appliquer sur cette matière un givrage sucré sans valeur nutritive simplement pour plaire, mais de repérer dans l’environnement social et culturel des enjeux éthiques et des expressions du religieux. Et, de là, permettre aux élèves de réfléchir et de comprendre en offrant les conditions nécessaires pour prendre une distance, appréhender la situation sous différents angles et découvrir comment d’autres avant eux et autour d’eux ont compris ces enjeux.

8. Considérer ÉCR comme une « grande petite matière »

Bien entendu qu’en regard du temps accordé, ÉCR est au nombre des petites matières (y a-t-il vraiment de petites matières en éducation?). Cependant, par son contenu, par sa complémentarité avec les autres disciplines, par sa contribution à la vie de la classe et de l’école, il s’agit certainement d’une grande matière. Développer chez des élèves des compétences comme réfléchir, comprendre et pratiquer le dialogue est tout sauf négligeable.

9. Éviter l’isolement

Les conditions d’enseignement de ÉCR peuvent mener à un certain isolement des enseignants. Ne faut-il pas tout faire pour créer des lieux d’échange et de collaboration? Et il n’y a pas que la salle des profs… Pensons notamment aux conseillers et conseillères pédagogiques des différentes commissions scolaires, aux médias sociaux (Twitter, Facebook), au site du RÉCIT DP, à l’AQECR et sa page Facebook… et à Enseigner l’ÉCR!. N’hésitez pas à nous poser des questions et à nous faire des suggestions: ecr@ftsr.ulaval.ca.

Bonne rentrée et bonne année scolaire!

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